Le style monacal
Je peint et patine des meubles de tous styles depuis plus de vingt ans maintenant.
Mais j’ai une grosse préférence pour les meubles provenant soit des églises, soit des couvents, soit des pensionnats. Je me raconte toujours une histoire quand je les prend entre mes mains. Ils en ont forcément une, mais celle ci est différente des meubles chinés ou récupérés dans un vide grenier ou une brocante. Comme dit la chanson, ils ont ce petit supplément d’âme, cet indéfinissable charme que les autres n’ont pas. Bien sur, il faut les respecter. Acheter du mobilier qui a été dans une église ne doit pas avoir été volé, savoir la provenance, qui a dormi dans ces lits de bonne soeur. Pourquoi celui ci mesurait 140 cm de large alors que les petites soeurs dormaient elles dans des lits de 70 cm (plus petits que les lits une place). La petite table basse par exemple, était en fait une petite table ou on posait les missels pour ceux qui n’en n’avaient pas. Cette petite table était juste derrière la porte de l’église. Le grand banc, lui était juste à coté de l’autel au centre de l’église. Il n’appartenait pas aux « bourgeois », eux avaient des bancs sculptés avec le nom de la famille, mais ce banc que je propose à la vente, lui était juste derrière.
Le banc et la petite table pour missels ont été achetés lors de la vente du mobilier d’une église près de mon ancien village dans le Perche; La somme récoltée a servi à la réfection du clocher.
les lits de bonne soeur et le prie Dieu eux ont été acheté dans un ancien couvent à coté de Caen. le couvent devait être transformé en hôtel de luxe avec golf, et tout le mobilier a été vendu. Je me revoie encore le jour de la vente aux enchères. Je lève le doigt ? non ? oui ? non ? ah Non, je ne vais pas laisser partir ces lits chez l’antiquaire d’a coté, allez, je lève le doigts. Je prends les 25 têtes de lit… Adjugez… ok, je fais comment maintenant pour les ramener, j’ai une toute petite Polo, ça va pas le faire. L’antiquaire bon joueur m’a dit t’inquiète la belette, j’ai mon camion, continue à lever le doigt, fais toi plaisir avec le mobilier, il y a trop de boulot pour moi, mais laisse moi acquérir les statues et les tableaux, c’est pour nous autres. pas de soucis messieurs. Il y a beaucoup de travail sur chaque tête de lit. Mais le résultat en vaut la chandelle.
Le portrait de la religieuse sur mes abat jour et sur mes coussins m’a tellement plu, elle est tellement douce et lumineuse qu’elle ne pouvait rester dans un livre d’art. Elle vit maintenant et ajoute sa note de charme et sa présence dans la maison.
Je m’invente des histoires, je les patine avec amour (oui je bosse par amour et par passion, sinon je serais richissime, j’abattrais de la patine à tout va). Je les bichonne car ils ont toujours à mes yeux ce petit supplément d’âme que je ne retrouve pas ailleurs; Ce gout des lignes sobres, fluides, douces, intemporelles. C’est de plus en plus difficile d’en trouver. Dommage.
Voilà la petite histoire de ma passion pour ce style de mobilier. J’aime tellement le mobilier d’église, que pendant des années, je restaurais les anges dans les églises, j’en ai pas mal de « ressuscités » par mes mains.
J’ai également restauré gracieusement l’autel en bois polychrome de l’église ou j’habitais il y a quelques années. J’ai pris mon temps, il était dans un état lamentable, entièrement rongés par les vers, et très sale, des trous, des manques. Un cadeau de ma part pour mon petit village. Il y a quelques semaines, l’adjoint au maire m’appelle, et m’informe que l’autel a été classé au patrimoine et qu’ils ont eut les félicitations du jury pour la restauration dans les règles de l’art des bois polychromés. Il était content de me le dire, moi je suis depuis sur un nuage. On ne pouvait pas me faire plus joli compliment sur le travail de titan que j’avais offert à l’église de Combres… Je leur laisse un autel sain, avec mes patines naturelles. Ma patine reconnue par les monuments historiques, ça fait sourire, moi oui… J’adore.